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Les sentinelles - chroniques de la fraternité à Vintimille », par Teresa Maffeis et Aurélie Selvi – éditions Max Milo.

Ces sentinelles-là ne sont pas de celles qui restent l’arme au pied en attendant l’ennemi. D’armes, elles n’en ont pas et leur ennemi, c’est d’abord l’indifférence.
Ces sentinelles-là sont à l’offensive. Teresa Maffeis et Aurélie Selvi, dans ces chroniques des années indignes, évoquent ces années de plomb que vivent des centaines d’hommes, de femmes, d’enfants à la frontière franco-italienne.  Elles dressent aussi les portraits de militants qui aident, chacun à son niveau, à contrer une politique migratoire européenne indigne.
Vintimille, un Calais  du sud où viennent buter les espoirs de centaines de personnes. On les appelle des migrants. Ils n’ont pas de nom, pas d’histoire, pas de visage. Hommes, femmes, enfants, adolescents, ils comptent peu. « Ils se croyaient  des hommes, n’étaient plus que des nombres ».
Ce livre raconte l’histoire de ceux qui ont marché dans le désert, affronté les dangers, survécu à une traversée sur des esquifs de fortune pour arriver au mur de la frontière française : la jeune Milet, Érythréenne qui fut heurtée par un camion dans un tunnel de l’autoroute, morte à 17ans ; cette enfant de 4 ans dont la mère est morte en mer et qui a été recueillie par un compagnon de traversée… et tant d’autres.
Et puis il y a les sentinelles pacifiques, bénévoles, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, qui maintiennent cette belle qualité humaine que l’on appelle la solidarité, contre la bêtise, l’intolérance et la froideur kafkaïenne de l’administration.
Manuela, cheville ouvrière de la Caritas à Vintimille, qui accueille, conseille, oriente inlassablement. Delia, « la barmaid des migrants », dont le café est souvent un refuge. Et aussi toutes celles et tous ceux qui traversent régulièrement la frontière, parfois au risque d’une arrestation, pour accompagner, accueillir, accomplir un simple devoir d’humanité. « Les beaux bâtisseurs de pierres mortes ne sont pas écrits dans (ce) livre de vie. Je ne bâtis que pierres vives. Ce sont hommes » (F. Rabelais  – Le tiers livre).