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Jean-Pierre Terrail

 

Les inégalités sociales :

 

des conditions d'une démocratie possible

 

 

 

 

 

Compte rendu paru dans le nº 9 du Patriote (29 novembre au 5 décembre 2013

 

Tout remettre à plat pour avancer

 

 

 

Le 21 novembre, à Garibaldi, la rencontre de la pensée critique des Amis de la liberté proposait une conférence du sociologue Jean-Pierre Terrail intitulée : "Les inégalités sociales : des conditions d'une démocratie possible". Grand moment de pensée critique, en effet, tant le conférencier soumet les fondamentaux du système éducatif à un examen impitoyable ; tant il bouscule les idées reçues.

 

Terrail met tout d'abord en exergue les grandes inégalités d'accès à la culture écrite entre les enfants des cadres (72% accèdent aujourd'hui au bac général ; 56% dans les années 60) et ceux des ouvriers (22% ; 11%). La massification des effectifs des collèges et des lycées ne les a pas réduites ; elle les a tout au plus déplacées à un niveau plus élevé. Aujourd'hui, comme dans les années 60, le différentiel entre les deux catégories sociales est de 45-50 points. Ces inégalités ne sont plus tolérées par les classes populaires, de sorte que leur mécontentement à l'encontre du système éducatif va croissant.

 

À qui la faute ? Aux politiques néolibérales entend-on souvent dire ; mais les inégalités se sont cristallisées et sédimentées bien avant que celles-ci ne voient le jour : elles trouvent leur source dans les réformes Berthouin-Fouchet-Haby des années 60 et 70. Les parents peut-être ? Les données disponibles disqualifient radicalement la thèse de leur supposée démission. Alors c'est le handicap socioculturel ! Eh bien Terrail répond non derechef. Les enfants entrent sans doute à l'école avec des ressources différentes, mais certainement pas avec des moyens intellectuels inégaux. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe au niveau de l'apprentissage de la langue orale, que tout le monde réussit, et à travers lequel chacun construit trois grandes compétences universelles : la capacité d'abstraction (penser les choses séparément), la capacité de pensée réfléchie (mise à distance du monde et du langage lui-même) et la capacité de raisonnement logique simple (à ne pas confondre avec le raisonnement scientifique ou la méthode expérimentale). Et tout cela bien avant l' "âge de raison" ! TOUS CAPABLES !, clame Terrail.

 

Il nous reste à interroger le fonctionnement même de l'institution scolaire. La difficulté scolaire n'est pas le fait des enfants mais de la nature de l'apprentissage et de la manière dont l'école organise la confrontation entre les élèves et ces apprentissages. Dire cela, précise le conférencier, n'est pas mettre en cause les enseignants (qui appliquent les programmes en vigueur et tiennent compte des structures existantes) mais le système, l'institution.

 

Les propositions de Terrail pour sortir de cette situation s'articulent autour de trois axes : l'organisation des parcours scolaires (mise en place d'un véritable tronc commun de 2 à 18 ans), l'évaluation et l'orientation (en finir avec la mise en concurrence permanente des élèves) et les ressources pédagogiques (cesser de donner moins à ceux qui ont besoin de plus). Sur de telles bases, le débat avec la salle, -on s'en doute, -fut particulièrement passionnant.

 

 

 

Daniel Amédro

 

 

 

 

 

Bibliographie :

 

  • Jean-Pierre Terrail, Entrer dans l'écrit. Tous capables ?, La dispute, 2013

  • Groupe de Recherches sur la Démocratisation Scolaire (GRDS), L'école commune. Propositions pour une refondation du système éducatif, La dispute, 2012.

 

Sitographie : www.democratisation-scolaire.fr